20. POST MORTEM


Stan Skavelicz venait de se faire inhumer, ici à Reykjavik, devant une foule nombreuse de plusieurs milliers de personnes, d’aficionados, de célébrités et de gens du métier. Le lendemain, en marge des obsèques, et le jour de la Finale de la Coupe du Monde Coca Cola à Reykjavik, quatre personnes sont réunies dans un café branché de Nuuk pour une interview expresse.

C’est pour rendre hommage à Skavelicz, que la Youtubeuse 5D norvégienne « Great Grÿnborg » s’entretient avec le franco-américain Jules Flémal qui vient de prendre sa retraite internationale, la suissesse Lara Dickenmann, Co-Présidente de la FIFA, et le vieil arbitre italo-norvégien Mors Brentaniello, désormais lui aussi à la retraite.

Great : « Bonjour à tous, alors que le coup d’envoi de la Finale de la Coupe du Monde entre la Chine et l’Afrique du Sud » va être donnée dans moins de deux heures, j’ai réuni trois grands acteurs du football de ces deux dernières décennies et qui ont côtoyé le maître des journalistes footballistiques qui vient de nous quitter, Stan Skavelicz. »

Après une brève introduction sur les parcours de chacun, voilà que Great Grÿnborg donne la parole à Mors Brentaniello pour lui demander son premier souvenir de Stan Skavelicz :

Mors : « Stan et moi, on avait à peu près le même âge, et on s’est rencontré lors d’une soirée de Coupe du Monde en Argentine, c’était la veille du drame de Buenos Aires, il me semble. Ça faisait cinq ans que j’officiais et que j’avais arrêté ma carrière de gardien. On avait bien sympathisé, et on avait évoqué la forte équipe du Cameroun et un ami commun, Andrej Curkic, surnommé « Dasaev » ; je crois que c’était le petit-neveu de Stan. Depuis que le gardien de Monaco a été abattu lors des insurrections françaises, il nous manque. J’ai revu ensuite Stan un Lundi de Pâques à Budapest, pour un match Hongrie-Italie qui est resté dans les annales. Szabo avait encore fait un match fantastique, et Stan m’avait interrogé après le match. Je lui avais dit que Szabo était le plus grand gardien que j’avais vu, plus grand même que Dasaev. Je m’étais trompé, je n’ai jamais compris pourquoi on ne l’a pas mieux protégé. »

Great : « Vous saviez alors que Stan avait touché 1 Million de Crédit-Dollars suite au transfert de Levi Szabo à Strasbourg ? »

Mors : « Non, mais je ne suis toujours pas sûr que cette rumeur soit vérifiée. Il avait été dans le coup pour sortir Szabo des griffes du régimes hongrois, mais je ne sais pas s’il a vraiment touché l’argent. »

Great : « Ça fait partie du mystère Skavelicz. Et vous, Jules, vous en dites quoi ? »

Jules : « Je crois que j’ai vu Stan pour la première fois lors de notre finale américaine U17 contre le Nouveau-Mexique. Il a interviewé mon entraîneur Roy Springsteen, qui est devenu plus tard le sélectionneur des Etats-Unis confédérés, et que j’ai donc continué à côtoyer. Stan et Roy étaient amis. Et je me souviens que quand on a gagné la première Coupe du Monde à Sydney, Stan nous a rejoint pour faire la fête. Il n’avait rien d’un yankee dans ces USA post-sécession, et son accent yougoslave nous faisait marrer. »

Great : « Il était comment en tant qu’homme ? »

Jules « Dur, à première vue, il se déridait ensuite, et devenait presque chaleureux. Je ne sais pas si c’est ce côté balkanique ou si c’était une carapace liée à son métier. Mais quand il se lâchait, c’était spectaculaire ; et cette nuit-là, avec Roy, il s’est lâché. Il m’a ensuite interviewé après la Finale de Ligue des Champions contre le FC Metz, il y a deux ans. Il disait que j’avais fait une belle carrière, mais que si je m’étais calmé étant plus jeune, j’aurai pu être le meilleur joueur du Monde. »

Great : « Bah, vous avez été ballon d’or à la fin de votre époque havraise ! »

Jules : « Oui, mais ça avait été controversé. Et Stan me préférait Vesper Hope, avec qui j’ai joué au Servette, ou encore Sandrella Longharelli – Ils ont fait n°2 et n°3, mais c’était vraiment serré. Stan me l’avait confié. »

Great : « Et vous Lara, quel souvenir garderez-vous de Stan Skavelicz ? »

Lara : « Je crois que je garderai celui de notre dernière rencontre, il y a cinq semaines. C’était très fort ! Nous l’avions invité pour le match d’ouverture, et il m’a appelé pour me dire – 'Non, merci !'. On s’est alors déplacé pour venir le voir dans sa maison-cabane au bord de la plage, près de Eyrarbakki. Il y vivait depuis plusieurs années. Il nous a invité au café. On a refait toute l’histoire du football et de la géopolitique des Nations. Il m’avait parlé de Caster, qui va jouer ce soir, et dont le parcours nous a marqué tous les deux. Il avait été aux anges quand elle avait marqué contre le Qatar à Melbourne. Il suivait sa carrière avec attention, comme celles de Sandrella ou d’Enola Papillien. »

Great : « La femme est-elle l’avenir de l’homme, dans le football également ?

Lara : « Si vous posez la question à la co-présidente de la Fifa, elle ne peut que vous répondre, oui. Même si la condition féminine ne s’est toujours pas arrangée dans les pays islamistes ou dans les Républiques démocratiques… »

Great : « C’est la moindre des choses qu’on puisse dire ! Qui veut ajouter un dernier mot ? »

Mors : « Je voudrais dire que je ne partage pas les visions pessimistes de Stan sur l’avenir du football. Certes, je suis mal placé pour parler de la sécurité, mais il y aura toujours l’envie du jouer, et un attrait pour assister au spectacle de la passion ; une passion innocente et humaine, indépendamment des médias. »

Lara : « Je ne crois pas qu’il avait une vision pessimiste ; il m’a dit qu’il avait repris espoir en voyant les enfants jouer sur les plages bientôt tropicales aux abords de Strandakirkja.»

Jules : « L’innocence et la passion, je crois que c’est ce qui nous fera toujours rêver. »

Great : « Je crois qu’on peut conclure là. Merci à tous. »

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