21. AVE FOOTBALL...
Comme un écho à la page Concept, les propos suivants ne
constituent pas une Nouvelle supplémentaire, mais plutôt une explication de
textes offerte par l’auteur, pour éclairer quelques principes sous-jacents aux
Nouvelles et illustrer quelques repères. Le lecteur attentif des vingt
Nouvelles précédentes y trouvera des éléments de liaison entre les textes,
ainsi qu’une mise en exergue de la logique qui a parfois été suivie.
LA QUESTION
Comment faire pour relayer en une vingtaine de textes,
l’envie de se projeter, l’envie de se laisser guider dans un monde à la fois
futuriste et romantique, où le football a pris une place encore plus grande que
celle qu’il prend déjà de nos jours, en 2019 ?
Tel était aussi le challenge de cette série de Nouvelles
dans laquelle les souvenirs, les références historiques, l’imaginaire voire le
surréaliste se sont emmêlés. En réalité la source est inépuisable, mais le défi
se cadre en quelques mots : S’inspirer de « Hors-Jeu » de Cauvin
et Bilal, et en faire une alternative personnelle.
Ne manqueront alors que les illustrations qui font de
« Hors Jeu » une œuvre précieuse ; ici, je dois dire que toute
offre sera la bienvenue.
LES COUPES DU MONDE
Le premier texte de référence absolue de cette série de
Nouvelles, est certainement « 04. La Coupe du Monde en Australie ».
Elle pose les bases historiques, géopolitiques et commerciales, ainsi que la
référence de base du monde futuriste où les autres Nouvelles évoluent. Si la
Coupe du Monde en Australie a été précédée de celle en Argentine (voir
notamment « 01. Drame à Buenos Aires »), on ne peut pas positionner
avec totale certitude cette coupe du Monde Sud-Africaine par rapport à celles
de notre temps, au Qatar en 2022, ou en Amérique du Nord en 2026. Mais elle
pourrait tout simplement leur succéder directement. Un indice clé corroborant
est d’ailleurs donné : la mention « 25e édition »
pour l’épreuve australienne en début de texte n°4, celle de l’Amérique du Nord
devant être la 23e édition.
Tout étant égal par ailleurs, la Coupe du Monde australienne
se disputerait donc en 2034. Les bouleversements qui juchent les différents scénarios
laissent toutefois penser que des changements lourds ont eu lieu, rompant avec
la quasi-continuité historique dans laquelle s’inscrit notre univers du
football, tout du moins occidental, de ces dernières décennies. On peut donc imaginer
qu’une rupture, comme une guerre mondiale par exemple, se soit inscrite dans le
rythme des Coupes du Monde se jouant tous les quatre ans, et qu’une pause se
soit imposée – peut-être pendant une décennie.
On notera que les épreuves en Argentine, en Australie puis
la Coupe du Monde islando-groënlandaise (cadre notamment de la Nouvelle
« 20. Post Mortem »), se situent dans des régions opposées à l’été
septentrional. Le lien avec le réchauffement climatique n’est forcément pas
loin. D’autant que le choix de la Coupe du Monde qatarienne est fortement
contestée pour ce même aspect des choses : Est-ce / Était-ce bien
raisonnable ?
LES FEMMES
Si le football qui est décrit reste majoritairement un sport
et un spectacle masculins, plusieurs textes font une part belle aux
femmes : « 02. Caster Semenya » donne rapidement un élan majeur
à cette tendance. La Nouvelle « 14. La Métamorphose » prolonge cette
idée que les femmes sont autant capables que les hommes dans l’univers
footballistique s’appuyant sur des personnages et des trajectoires pratiquement
réalistes. Les personnages de Caster Semenya, de Lara Dickenmann ou encore
d’Enola Papilien – dans trois styles différents – constituent la clé de voûte
de cette tendance.
Peut-on vraiment envisager une évolution du football sans
distinction de genre ? Je ne le crois pas, mais « 20. Post Mortem » nous rappelle quand même que partout, « la femme est
l’avenir de l’homme », et on ne voit pas de raisons pour laquelle le football
n’évoluerait pas encore davantage vers un spectacle footballistique féminin encore
plus important, en cette année de Coupe de Monde féminine en France.
ET LE ROMANTISME, DANS TOUT CA ?
Le romantisme est en filigrane de chacun des textes. Le
romantisme footballistique, celui des années 1970 voire -80, quand les héros
n’étaient payés que – normalement, et quand le fanatisme et la médiatisation
laissaient les stars comme rares et inaccessibles. Le romantisme humain aussi,
dans des Nouvelles comme « 08. L’Invincible Szabo », une sorte de
talentueux espoir sorti de nulle part et tiré des griffes d’un régime politique
trop strict, ou « 15. Jean-Brice Saint-Bernard », où un quasi-ascète
se lance dans la grande aventure du football professionnel.
Mais finalement, quel en est le message principal ?
Il est certainement mêlé de nostalgie et d’un espoir
(fou ?) dans lequel l’évolution du football se ferait vers plus de
justice, où tout le monde, chaque joueur ou chaque club, aurait sa
chance ; un monde où les valeurs seraient supérieures à l’argent. Ce que
dénonce « 15. Jean-Brice Saint-Bernard », c’est aussi un système
fermé, illustré par la difficulté rencontrée par les clubs de deuxième division
française à remonter en Ligue 1, et encore ce côté ultra-commercial où le "Branding" et le Merchandising ont pris le dessus.
Finalement c’est sans doute un peu l’aventure de cinq villageois
vaudois (voir « 05. Cinq jeunes Vaudois » et « 12. Une Finale pour les Vaudois ») qui retrace au mieux cet infini espoir qui relaya notre
jeunesse footballistique. Celle du long chemin semé d’embûches - mais aussi de
l’accomplissement rendu possible.
QUOI D’AUTRE ?
Parmi les faits accessoires, on notera par exemple que les
prénoms francophones ont tendance à être composés. Le retour sans doute à une
mode totalement disparue, un côté traditionaliste qui renaîtrait de ses
cendres. Et cela malgré un régime français qui semble avoir tourné vers une « République
Démocratique », sans qu’assez de détail dans la nature du régime soit
expliqué. Si ce n’est que « 20. Post Mortem » nous indique que la
condition féminine n’y est pas des plus respectées, laissant penser un à régime
vaguement religieux.
Le eSport se mêle également à l’histoire du sport dans « 18. Trudeau Nagasawa ». Cette tendance est déjà nettement installée sans être
très connue du grand public du football ; ou alors en étant redoutée voire
dénigrée. La tendance multi-activité semble toutefois bien lancée, avec des
grands clubs dont les sections féminines ou de eSport se font connaître déjà
assez largement.
La robotique, la génétique ou encore la combinaison de deux
est invoquée dans « 17. A la Mi-temps ». C’est un des thèmes
marquants de Cauvin dans « Hors-jeu », mais qui demeure quelque peu
minoritaire dans notre publication. Une part de romantisme supérieure à celle
du futurisme, sans doute, de notre part ; illustrée encore par la règle « Ribéry
– Naturalistes », qui fera sans doute sourire, mais qui s’appuie sur le
tournant populaire voire populiste qui mouvra certainement notre postérité.
La conquête martienne est présente également, en utilisant
le podium du football pour se présenter au peuple, comme dans « 04. La Coupe du Monde en Australie », « 10. La puissante Alliance Hanséatique »
ou « 13. La fabuleuse histoire de Dag & Red ». Cette évolution inéluctable
de notre société est sans doute un élément de croissance technique et économique
sur lesquels les grandes nations comme les sociétés commerciales s’appuieront
très prochainement.
La construction des alliances entre clubs décrites dans "07. L’Alliance des clubs Grenat » puis « 10. La puissante Alliance Hanséatique »,
et quelques autres Nouvelles qui les exploitent, positionne également un
contexte fort d’intérêts politico-économiques desquels le football n’échappera
pas. Le cadre proposé se montre relativement raisonnable pour la gestion des
influences qui, croyons-le bien, animeront les enjeux en milliards de crédits-dollars et de spectateurs.
De nombreuses autres dimensions se cachent quelque peu
derrière certaines de ces Nouvelles, et un coup d’œil avisé aux pages « Les Personnages »,
« Les Clubs », et « Les Nations » révélera au gré des
lectures quelques astuces et références dissimulées ça et là.
CONCLUSION
Le défi a été relevé. Vingt nouvelles, Cent soixante-treize
personnages, des clubs réels et fictifs, des lieux plutôt réels et un avenir à
la fois moderne et traditionnel se combinent pour former une modeste œuvre, qui
est davantage un hommage et une réflexion, qu’un acte avant—gardiste.
Au final, le message de l’aventure et de la passion est
celui qui prime, et là est bien l’essentiel à nos yeux, même s’il est aussi teinté d’inquiétude
et de dénonciation de tendances néfastes pour l’avenir.
Ave Football, morituri te salutant.
Ciao,
M.
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