02. CASTER SEMENYA
Caster Semenya, dite « Goliath » est la première
femme à avoir été alignée avec une équipe nationale masculine, celle de
l’Afrique du Sud. Avant sa troisième sélection face au Qatar au 1er
tour de cette Coupe de Monde jouée en Australie, elle est interviewée par Stan
Skavelicz et y raconte son histoire exceptionnelle.
Ci-dessous un résumé tel que le journaliste lui-même l’avait
archivé et proposé dans ses mémoires, qui malheureusement n’incluront pas ce
passage.
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Mokgadi Caster Semenya, la grand-mère paternelle de Goliath,
s’était déjà faite connaître dans les années 10 en tant qu’athlète androgyne,
en tout cas championne olympique et qui subissait déjà les polémiques liées à
sa morphologie. Elle était dotée d’une musculature compacte et puissante tout à
fait extraordinaire pour une femme. Cette future grand-mère finit sa carrière
par une exclusion de la part de la fédération internationale et se lança dans
un traitement hormonal pour lui conférer une vie sociale plus adaptée. A
l’issue de ce traitement, elle épousa un footballeur professionnel de son pays,
avec qui elle éduqua son fils Gonzague eu préalablement par fécondation in
vitro d’un père inconnu, et qui avait hérité du nom de famille de sa mère.
Gonzague avait voulu se lancer lui-aussi dans une carrière
de footballeur, mais la réussite n’était pas de mise. Il finit donc par suivre
le chemin tracé plus tôt par Caster et devint coach sportif spécialisé dans la
musculation et l’athlétisme. En se mariant avec une cliente footballeuse
namibienne, Gonzague eut deux enfants, la costaude Caster, dite
« Goliath », puis David, beaucoup plus frêle.
Dans sa jeunesse, Goliath jouait au football, quand David,
soumis, restait dans les jupons de sa mère. Il mourut dans un accident de la
route à l’âge de 13 ans, un mois à peine après que sa sœur signait au Kaizer
Chiefs son premier contrat en tant qu’aspirante. Rapidement, le public adopta
le surnom de « Goliath » et scanda des « Goliath in the first
team » constatant à quel point la différence physique faite par cette
jeune fille de 17 ans, mais aussi de 1m88 et 75 kg capable de courir un 100m en
moins de 11 secondes et demi.
Le chagrin de Goliath qui avait perdu son petit frère
alimenté par la motivation sportive apportée par son père poussa la jeune femme
au conflit avec son club. Et pourquoi n’est-il pas possible d’être alignée avec
l’équipe masculine ?
Si après 3 mois, Goliath put disputer une mi-temps d’un
match amical avec l’équipe masculine des moins de 21 ans, ça ne suffit pas à la
contenter. Cette situation conflictuelle s’était faite largement connaître au
point que le PSV Eindhoven, illustre club omnisport de 1ère division
néerlandaise, lui proposa un contrat de joueuse entrant dans la rotation de
l’effectif de l’équipe professionnelle masculine, devançant ainsi le club
écossais de Ross County et un illustre rival de Kaizer Chiefs qui s’était mis
sur les rangs, les Orlando Pirates.
Caster « Goliath » Semenya, du haut de ses 18 ans,
disputa alors 7 matchs complets et 11 matchs partiels avec Eindhoven la saison
qui suivit cette signature. La fédération néerlandaise avait bien daigné céder
une dérogation spéciale pour la « milieu défensive » sud-africaine et
gauchère, mais s’attendait à des railleries administratives de la toute
puissante UEFA. C’était sans compter l’élection de la nouvelle présidente Lara
Dickenmann de cette institution européenne, qui fit même tout pour favoriser
l’alignement de « Goliath » en Coupe d’Europe.
Deux saisons plus tard, « Goliath » avait obtenu
sa première sélection internationale, et inaugurait un nouveau champ des droits
des femmes. Depuis, trois femmes jouaient en première division néerlandaise, trois
autres en deuxième division française, trois autres encore étaient
professionnelles dans des équipes masculines en Nouvelle-Zélande, et quelques
autres ici et là dans des clubs du sud-est asiatique.
Grâce à une performance remarquable face au Sahara
Occidental, « Goliath » avait contribué à qualifier les Bafana Bafana
qui n’avaient pas participé à la Coupe du Monde depuis 2010, une éternité. Elle
était désormais prête à se mesurer aux hommes dans la plus illustre des
compétitions de football.
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Stan avait renoncé à ce passage au profit de l’épopée
non-moins étonnante de la gardienne nord-américaine Sandrella Longharelli,
« pure et royale », telle qu’il l’avait perçue, découverte quelques
mois plus tard, et qui eut une carrière encore plus remarquable chez les…
« hommes ».
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