12. UNE FINALE POUR LES VAUDOIS
Au soir du match contre la Colombie, Marius Strasser, Matteo
Righetti, Leo Maurizzio, Kevin Berger et son cousin Killian, participèrent à la
fête donnée par le staff de l’équipe nationale, sans pour autant jubiler. La Suisse
était éliminée de la Coupe du Monde, et même si quelques satisfactions
compensaient la contre-performance, les ambitions profondes des cinq jeunes
hommes n’étaient pas assouvies.
Leo, l’ailier, et Matteo, le meneur de jeu, retrouvèrent
pleinement la sélection nationale dans la campagne suivante, alors que Marius,
le milieu polyvalent, et Killian, l’arrière central, ne firent que quelques
apparitions. Kevin, l’arrière gauche, parfois aligné milieu gauche ou arrière
central par son coach Sauthier en club, termina la saison avec Servette à
Genève et alla ensuite rejoindre le Lausanne-Sport, qu’il avait supporté dans
son enfance. Le destin en club des « cinq mousquetaires » de St
Barthélémy, comme les avait appelés leur vieux maire M Righetti, allait toutefois
converger petit à petit.
Deux saisons plus tard, l’entraineur luxembourgo-suèdois
Mickey Stevenborg, richement débauché du club de Dag & Red en première
division britannique, constituait à Dortmund, un des clubs phares de la grande
« Alliance Hanséatique », un staff qui changerait la donne pour le
village originaire de nos cinq joueurs professionnels. Y figureraient notamment
son fidèle adjoint Bodo Merzig, mais aussi l’expérimenté Loïc Favre, qui avait
opéré de longues années comme agent de joueurs, mais cette fois en tant que
directeur sportif. Loïc, fils de Lucien, était aussi originaire de St
Barthélémy !
Et en sept mois à peine, Matteo d’abord en juin, puis
Marius, puis Kevin en fin de mercato estival, et enfin Killian et Leo en
janvier rejoignirent le grand Borussia Dortmund BVB 09, aux côtés par exemple
d’Ernst « Bilal » Zopalev, leur compatriote, ou de Jean-Charles
Bamako, francophone ivoirien, venu dans les valises de Stevenborg. L’effectif
grandement remanié du club de la Ruhr devait le relancer dans la course au
titre perdu face au rival allié de Hambourg.
Si, en cette première saison, la campagne nationale fut un
échec partiel avec ce nouvel effectif, il n’en était rien sur les deux
compétitions internationales disputées par le club. La campagne européenne fut
plutôt un succès jusqu’en Demi-Finale face au FK Sotchi, avec un remplissage
systématique des 120000 places du Nestlé Park lors des 6 matchs disputés à
domicile. Malheureusement, Sotchi s’imposera y compris à Dortmund et ira
affronter Manchester United en Finale de la Ligue des Champions européenne.
Cependant, dans la Ligue Mondiale des Champions Adidas,
comme il fallait l’appeler, la campagne commencée ensemble cette première saison par nos amis vaudois, pourrait se prolonger en décembre suivant comme il était
de coutume en cas de qualification. En mai, Dortmund s’était défait des
Yokohama Marinos (république nippone) et des Kaizer Chiefs (Afrique du Sud), et
le dernier match de la saison début juin avait vu un doublé de Matteo Righetti
offrir une précieuse victoire contre le CA Lanus de la Fédération argentine.
Cette quatrième rencontre de la compétition se jouait à domicile le jour de la
St Nicolas. Elle opposait maintenant le Borussia à son homologue européen de
Königsberg-Kaliningrad, fraîchement libéré de l’accord de « l’Alliance
Hanséatique » pour fonder son propre réseau d’influence. Autant dire que
la rivalité entre les clubs des présidents Klopp et Lepsaïa-Bondarev était à
son paroxysme.
Kaliningrad ouvrit le score par l’éternel Saperini, et
Dortmund eut bien du mal à réagir. Mais sous la houlette d’un Killian Berger,
devenu capitaine des Rhénans, le club jaune et noir se reprit, poussé par un
Nestlé Park totalement acquis et évidemment archi-comble. Sur une combinaison
éclair de Kevin Berger et de Leo Maurizzio, Marius Strasser reprit un boulet de
canon qui alla égaliser la marque, et faire revenir Dortmund dans la course. En
fin de match, Killian Berger fut expulsé pour un excès d’engagement, mais les
joueurs de Stevenborg surent sécuriser ce 1-1, qu’il faudra toutefois bonifier
à Kaliningrad pour atteindre la Finale de la Ligue Mondiale. La mauvaise
nouvelle était que Lucien Favre, le père de Loïc, venait de disparaître, ce qui
était un coup dur pour le Borussia compte tenu de la carrière du vaudois au
club ; la bonne nouvelle étant que si Finale il y avait, l’hommage à
l’homme de St Barthélémy, lui aussi, serait grandiose.
Et cet avec cet espoir, que les joueurs de Stevenborg et
Merzig arrachèrent le 14 décembre suivant un 2-3 à Kaliningrad, malgré
l’absence de Maurizzio blessé et Killian B suspendu, mais avec un Strasser et
un Righetti en pleine forme. Dortmund arrivait pour la première fois en Finale
de la Ligue Mondiale des Champions Adidas.
Demi-Finales :
Borussia
Dortmund – Baltica Königsberg-Kaliningrad: 1-1, 3-2
New York City FC – Shanghai Shenhua
FC: 3-0, 1-2
Finale :
Borussia Dortmund - New York City
FC
Kevin Berger et Leo Maurizzio n’avait pas disputé le match
allé du 20 décembre, dans lequel, au Mars Pioneers Yankee Stadium, un bon 2-2
avait été arraché aux joueurs du New York City FC, triple champions sortant
de la MLS, du continent Américain et de la dernière Ligue Mondiale. Au doublé du
vétéran James Morlon (6e et 66e minutes), c’est « Billal »
Zopalev (57e) et une tête spectaculaire de Killian Berger (83e,
le jour de son anniversaire) qui avaient répondu, cultivant tous les espoirs
pour la grande fête du 31 décembre.
Et pour son dernier match, Mors Brentaniello aurait non
seulement le privilège d’arbitrer une Finale Mondiale de la St Sylvestre, mais
de plus disputée au nouvellement baptisé « Lucien Favre Nestlé Park »
de Dortmund devant 120000 spectateurs en liesse pour cet événement historique.
Et cinq vaudois du même village de St Barthélémy au sommet de leur carrière allaient
commencer la rencontre pour affronter l’ogre New Yorkais ; pour l’occasion
c’est tout le village vaudois qui avait pris ses quartiers dans le stade, où
pas loin de 600 personnes avaient fait le déplacement de St Barthélémy VD.
A Lausanne trois écrans géants avaient été disposés pour les
amis, connaissances et admirateurs des parties prenantes de la région dans
cette grande finale, et la fête fut merveilleuse.
Quant à la 88e minute, Leo Maurizzio s’arracha
sur un contre de son aile gauche pour donner le 2-1 au Borussia, Marius et
Matteo accoururent, et Killian fit un même un sprint déterré pour sauter dans
les bras du sympathique ailier de poche de la rue des Maçons. Kevin s’amena
plus tranquillement et regarda en face la photo du cliché qui montra les 5
vaudois jubiler et qui fit le tour du monde instantanément sur les réseaux
sociaux. Stevenborg, Merzig, Bamako ou Zopalev n’étaient pas loin, et quelque
part là-haut, Lucien Favre les regardait sans doute avec fierté et un certain
sentiment de devoir accompli.
EPILOGUE
Leo Maurizzio et Killian Berger, mordus de ce jeu de ballon,
resteraient dans le football après leur carrière de joueurs, l’un à Xamax et
quelques autres aventures, l’autre à Servette, quant à Marius Strasser et
Matteo Righetti ils finiraient bien par travailler pour leur village de St
Barthélémy et prendre d’une manière ou d’une autre le relais de leurs pères.
Kevin Berger, quant à lui, ferait fortune dans la cité genevoise pas loin de
son village, mais continuera comme ses quatre amis d’aller assister, parfois, à
des rencontres de jeunes au stade champêtre de St Barthélémy.
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