16. ROBBIE GRASS & MICKEY STEVENBORG

Les trajectoires de l’entraîneur germano-anglais Robbie Grass et celui de nationalité luxembourgo-suédoise Mickey Stevenborg ne se sont croisés qu’une seule fois en match officiel, mais pour une rencontre cruciale et historique de la treizième finale de Ligue des Champions Mondiale Adidas.

ROBBIE GRASS

Après avoir grandi entre Hambourg et Londres, et effectué une carrière moyenne dans différents clubs d’Europe du Nord et du Sud, Robbie Grass fut le coach qui remonta le Hamburger SV en 1ère Bundesliga puis de la place de 15e dans le début de l’ère de l’Alliance Hanséatique, jusqu’à la place de Champion d’Allemagne, au nez et à la barbe de Dortmund et le Bayern, les deux précédents Champions. Robbie fut ensuite convoité outre-Manche, mais encore en Russie, voire en Chine ou en République nippone ; ces places émergentes du football mondial.

Contre toute attente, il décida d’effectuer une pige sous le soleil apparent de la République Soviétique et Socialiste du Venezuela en tant que sélectionneur. Il n’y eu comme fait d’arme qu’une double victoire contre l’Argentine, puis une qualification en Coupe du Monde au dépend de l’Uruguay. L’épreuve australienne se déroula plus difficilement pour lui, qui fut débarqué avant même la fin de la compétition suite à une défaite 6-1.

Robbie Grass rebondit au bord du Lac de Neuchâtel, alors qu’un nouvel âge de l’extraordinaire Xamax était engagé. Après une Finale de Coupe de Suisse, le grand roux hambourgeois polyglotte fut débauché par le Liverpool FC où débuta le plus beau parcours d’entraîneur de sa carrière. Il y emmena quelques pépites mises en évidence à Neuchâtel, comme le latéral vétéran Léo Maurizzio toujours en verve à 36 ans, l’attaquant Vénézuélien Osvaldo Asprilla, ou encore l’infatigable chinois Hulk Shin, ancien attaquant reconverti milieu défensif.

Robbie Grass et son très fin sens tactique était un artiste des préparations physique et technique qu’il imposait à tous ses préparateurs et analystes. Avec les moyens nouveaux mis en place à Liverpool, il atteindrait tous les sommets. C’est ainsi qu’en ce soir de la St Etienne, le lendemain de Noël, Robbie Grass et ses vieilles chaussures orange, se trouvaient sur le banc du Liverpool FC au stade omnisport de Shanghai.

MICKEY STEVENBORG

Face à Robbie, Mickey Stevenborg, un ingénieur devenu entraîneur multicarte, passé par le Luxembourg, le championnat britannique et un parcours exceptionnel avec Dag & Red, ou encore par le grand FC Königsberg-Kaliningrad. Mickey Stevenborg, 1m83 78kg yeux bleu et cheveux châtain clair, était maintenant le manager général de l’Impact de Montréal. Il y avait mis en œuvre toute sa théorie du pressing et du jeu sur les ailes, des centres en retrait, des meneurs de jeu offensif et des libéros du milieu de terrain ; un alliage d’un football néo-classique et de romantisme strict. Mais aussi un schéma tactique quasi-unique, une sensibilité humaine incroyable, derrière une placidité de surface.

Mickey, flanqué de Bodo Merzig et de Rino Sacchi, ses fidèles adjoints devenus entraîneurs à plein temps, affrontait ici en banlieue sud shangaïaise le Liverpool FC de Robbie Grass, un nom au moins aussi légendaire que le sien, et avec des caractéristiques et critères techniques plutôt différents.

Une finale occidentale pour un football pourtant de plus en plus asiatique, n’en déplaise aux 80000 chinois présents dans le stade, en plus des 20000 anglais et canadiens de part et d’autre. Mickey comptait dans ses rangs un joueur stratège, un vrai numéro 10 comme l’avait été Platini, Maradona ou Zico au siècle précédent ; le brésilien Isaias était quasiment à l’apogée de sa carrière.

LA FINALE

La finale se déroula comme un long mélodrame, avec un but puis l’expulsion d’Isaias, au quel répondirent Asprilla et Hulk Shin, eux aussi tous les deux expulsés. Taoui, le franco-algérien, fut lui aussi expulsé dans le camp de la franchise de MLS. A 9 contre 9, Liverpool semblait se diriger vers une victoire par 2-1, quand le gardien camerounais « L’araignée » plaça un coup de canon de la tête mémorable pour l’égalisation montréalaise, sur une montée inespérée à la 89e minute. Le drame perdurera en prolongation où encore un but sera marqué dans chacun des deux camps.

Les schémas tactiques n’existaient plus, la tension due à l’indétermination du scénario faisait tourner toutes les têtes. De son côté, Robbie Grass qui s’était époumoné en replacements tactiques était désormais pantois, avec un regard quasi livide vers la pelouse, comme assommé par le drame. A 3-3, il ne restait que 5 minutes. Stevenborg quitta sa zone et vint à la rencontre de Grass pour le prendre par l’épaule devant le spectacle dramatique qui se jouait devant eux.

Montréal et Liverpool joueraient cette finale aux tirs aux buts, les derniers de l’histoire du football, mais la plus grande image qui restera de cette finale demeurera à jamais le couple Grass-Stevenborg bras-dessus bras-dessous, ou - quand les entraîneurs sont les premiers spectateurs de leurs joueurs et du spectacle tragique du football.

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