11. KALININGRAD AU SOMMET


Le FC Baltica Königsberg-Kaliningrad avait longtemps végété en deuxième division russe. Mais l’ascension de son attaquant d’origine italienne Sandro Saperini sous la houlette de l’entraineur Otto Kant, originaire de Kaliningrad, correspondra à l’avènement d’un club de premier rang dans cette nouvelle époque qui s’ouvrait.

Otto Kant avait fait toute sa carrière au Baltica, et sa nomination en tant qu’entraineur n’était que le parcours normal d’un clubiste talentueux, situation devenue si rare depuis l’arrêt Bosman, la Ligue des champions et la mondialisation du football.

La famille de Saperini, quant à elle, avait rejoint Königsberg au gré des rapprochements politiques des années 30 entre l’Italie et la Russie. Sandro était de la deuxième génération, et reçut la nationalité russe ; il avait été rejoint par un milieu défensif et ex-compatriote Nicola Zingarelli, dit « Ritz », lui aussi Italo-russe.

Notre histoire commence véritablement lorsque le Baltica fut invité au tournoi d’été de la Hanse, après avoir obtenu une très prometteuse 7e place au classement de la première division russe. L’équipe de Königsberg en allemand, ou Kaliningrad en russe, les deux langues étaient désormais parlées dans l’Oblast, arrivait avec seulement 14 joueurs à Dortmund. Sachant que le tournoi se jouerait à cheval sur les villes de Dortmund, Amsterdam et Copenhague ; les deux premiers matchs du Baltica se joueraient en Rhénanie du Nord-Westphalie.

C’est d’ailleurs le match d’ouverture que les hommes de Kant disputeront d’abord face à l’équipe locale, largement favorite. Mais grâce à Saperini, 25 ans et deuxième meilleur buteur du championnat russe, les deux équipes se séparèrent sur un score nul de 1-1. La blessure de Petar Marienburg s’annonçait déjà comme un fait inquiétant, la zone du milieu de terrain kaliningradois étant déjà sous-staffée.

Le deuxième match contre le FC Bruges fut pourtant une vraie balade de santé pour les joueurs bleu et blanc, pour le plus grand bonheur du président Igor Lepsaïa-Bondarev, fraîchement nommé. C’est en effet par une victoire 4-0 que le club de l’enclave russe remporta ce match, grâce encore à deux buts de Saperini et deux autres de son jeune remplaçant du 17 ans et demi Tatra Kiriakov, dit « Moustache ».

Le Baltica poursuivit donc son chemin dans la compétition avec un quart de-finale prometteur contre le Werder de Brême, champion de deuxième Bundesliga, pour une rencontre se disputant à Copenhague. Là encore, Saperini marqua sur penalty, mais ça ne suffit pas pour passer. Il fallut avoir recours aux tirs aux buts, et Mors « Datsky » Olsen, le gardien danois du FC BKK originaire de la capitale danoise, fit des miracles. Datsky, bientôt 31 ans, avait été transféré il y a plusieurs saisons du FC Copenhague, quand ces deux clubs s’étaient naturellement côtoyés. Les deux clubs se rapprochaient désormais de l’attrayante « Alliance Hanséatique » créée récemment.

En demi-finale du tournoi, toujours à Copenhague, le Baltica affrontait le Légia de Gdansk, un autre club quelque peu voisin, de qui les russes avaient récupéré Craig « Solid » Walesza, le défenseur central russo-polonais, désormais titulaire en bleu et blanc. Walesza constituait une doublette de choix avec Urs-Vassili Mendeleiev, souvent raccourcit en « Urs », 27 ans, formé à Kaliningrad et de famille originaire de la ville.

Pour ce match, Kant choisit par surprise de ne pas titulariser Walesza mais de lui préférer Anatoly Diatlov, un joueur qui avait surtout évolué en deuxième division. A la mi-temps, quand le Baltica fut mené 1-0, Kant sortit son atout et remplaça Diatlov par… Walesza. Non-seulement le BKK reprit le jeu en main, mais finit par s’imposer 3-1 grâce à Sandro Saperini, Boris « Pripiat » Silikov et… Craig « Solid » Walesza d’un coup de tête majestueux dans les arrêts de jeu. Walesza, reposé, avait été impérial.

Incroyable pour la plupart des observateurs, la finale qui se jouait à Dortmund opposerait donc le Baltica à l’Ajax d’Amsterdam, une équipe très technique composée de Néerlandais et de Brésiliens pour l’essentiel.

Le FC Baltica Königsberg-Kaliningrad

Et on assista une finale historique y compris dans le jeu et le résultat, sachant que Saperini ne rentra qu’après l’heure de jeu. 1-1 à la mi-temps (grâce à Kiriakov pour le BKK), le score évolua particulièrement vite avec l’entrée de l’attaquant-vedette russo-italien. 2-1 (Saperini), puis 2-2 (Zhang-Madsen), on atteignit alors les prolongations pour cette finale. Si Olsen fit encore des miracles, c’est surtout Saperini qui enfonça le clou par 3-2 puis 4-2, laissant ensuite le soin à Thorsten « Prussky » Marx d’inscrire un coup-franc et un penalty. 6-2, et le coup de grâce fut encore donné par Walesza sur un coup de canon de 30 mètres. 7-2 !

Victoire inattendue du Baltica, qui se retrouva propulsé directement dans les groupes de la Ligue des Champions européenne. Et l’ascension du club russe ne faisait que commencer. Trois suisses venaient d’être recrutés par le président Lepsaïa-Bondarev :
  • Basile « Basil » Atamaniuk, 23 ans, ailier gauche, arrivant de Lausanne-Sports
  • Ernst « Bilal » Zopalev, 22 ans, ailier droit, arrivant de Zurich
  • Et, Jean-Nicolas « Niko » Vitkieviez, 23 ans, milieu de terrain, arrivant du Servette FC

Si Atamaniuk était Suisse d’origine franco-ukrainienne, Zopalev était Bulgaro-Suisse et Vitkieviez Suisse mais avec des origines uruguayennes et françaises aussi. Un incroyable trio arraché pour assez peu de crédits-dollars, et attiré par les récents succès du BKK qui disputait les places de choix du championnat russe et maintenant de Ligue des Champions.

Le tournant du championnat fut d’ailleurs une série de trois victoires à domicile contre les trois premiers du classement : Le Spartak de Moscou, le CSKA Moscou, et le FK Sotchi. Zopalev avait inscrit trois buts de la tête, assez remarquable pour un ailier, un dans chacun des matchs, quand, en parallèle, Saperini s’assurait petit à petit le titre de meilleur buteur. Le Baltica pointait à la 4e place du classement et menaçait maintenant le FK Sotchi ; mais il fallait jouer le 5e match de groupe décisif pour la qualification dans la Ligue des Champions. Et l’adversaire n’était autre que le Manchester United, champion de l’année passée.

A Königsberg, dans la cité teutonique, il y aurait facilement 40000 personnes pour accueillir les Mancuniens. Kant aligna son équipe-type, avec Thorsten « Prussky » Marx qui devrait se défaire de l’incroyable Rubio Santamaria, surnommé « Ardiles », le mancunien qui faisait preuve d’une capacité de récupération de ballon jamais vue auparavant.

Et le BKK obtint sa qualification grâce à une victoire étriquée mais précieuse (1-0), avec un nouveau but de Saperini, qui a d’ailleurs tapé dans l’œil du vieil entraîneur anglais Mauricio Pochettino. Mais Saperini vivait une aventure fantastique au Baltica et ne comptait pas en partir de sitôt.

Et malgré les efforts nécessaires sur tous les plans, le BKK termina le championnat russe à la 3e place avec un nombre de points identiques au FK Sotchi mais une meilleure différence de buts, le meilleur buteur avec Saperini (32 réalisations), et une finale de Coupe de Russie perdue malheureusement aux tirs aux buts face au Spartak, et son gardien génial « Dasaev ».

Le club de l’alliance Hanséatique continua aussi son parcours en Ligue des Champions, en se débarrassant des italiens de l’Inter de Milan en huitième de Finale (0-0, 2-0), puis des français du RC Strasbourg-Alsace (1-1, 3-3) au profit des buts à l’extérieur. Ces qualifications étaient arrachées de justesse, mais le BKK ne faisait que confirmer tous les espoirs, avec un Saperini toujours plus fort, mais aussi un milieu de terrain renouvelé et particulièrement performant en contres.

Le FC Baltica Königsberg-Kaliningrad arrivait donc au stade de la demi-finale de la Ligue des Champions contre les Glasgow Rangers de Gemili Cricket. Otto Kant dut moduler son équipe en raison de nouvelles blessures de Marienburg et Marx, et l’obligation de titulariser les jeunes Ivanauskas et Ratskowski.

Ivan « Cerny » Ivanauskas, à peine 18 ans, milieu de terrain, brésilo-liutanien, jouait normalement avec l’équipe réserve et brillait parfois.

Neystoychi « Polski » Ratskowski, à peine 20 ans, de nationalités russe et polonaise, était principalement arrière latéral. Cependant il fut aligné au milieu de terrain en raison des défections.
Tout était pourtant bien parti quand Saperini ouvra le score sur une passe lumineuse de Zopalev dans la course de Vitkieviez, qui centra sur la tête du joueur russe - qui devenait meilleur buteur de la compétition ! Mais les expulsions de Ratskowski puis de Ivanauskas se mêlant bêtement à la discussion avec l’arbitre furent malheureusement décisives. Cricket inscrivit un superbe coup-franc donnant l’égalisation aux britanniques, et McAllister enterra les espoirs russes en fin de match se jouant des trous dans les lignes kaliningradoises.

En cette fin avril, le FC Baltica quittait la compétition avec les honneurs, mais pointait déjà en tête du classement du championnat russe. On savait que « Datsky » Olsen commençait à vieillir, mais c’est quand même avec un grand émoi que la nouvelle du recrutement du fameux gardien havrais, Jean-Pierre Guillot, 25 ans fut accueillie quelques semaines plus tard ; les transferts entre clubs de la Hanse s’était tant facilités.

Königsberg-Kaliningrad brillait à nouveau et continuerait à briller de mille feux ; dans le football européen, on s’entend, et avec ou sans l’Alliance Hanséatique, peu importe !

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